• Nouvelle

     

    La dernière douche

     

    Fini pour ce soir, je n'ai plus d'inspiration. Cette nouvelle est difficile à écrire, je n'ai aucune idée de ce dont elle pourrait parler. Je suis stressée, il ne me reste plus beaucoup de temps, mon éditeur va encore me faire une crise... Je suis exténuée.

     

     

     

    « Je vais prendre une douche !  annonçais-je à mon père

     

    • Ne prend pas toute l'eau chaude cette fois !

    • Ne t'inquiète pas, cette fois je ne vais pas faire exploser ta facture d'eau, lui répondis-je en souriant fièrement. »

     

     

     

    Je suis revenue vivre ici, dans notre maison avec mon père il y a quelques mois. Je ne pouvais plus rester seule dans mon appartement à New-York. Là-bas, les gens étaient beaucoup trop pressés, et j'étais seule. Cette ville bouge trop, elle me faisait peur et aspirait toute mon imagination.

     

    Je prépare soigneusement mon pyjama préféré, celui que m'a mère m'avait offert pour mes 15 ans, autant dire qu'il est un peu trop petit pour moi, mais je me sens bien dedans. Cela me permet de ne pas oublier ma mère. Elle est morte lors de mon année de seconde. Mon père ne m'a jamais vraiment dit comment elle est morte. J'ai toujours trouvé cela louche mais j'ai peur de savoir la vérité. En plus, nous n'en parlons jamais, mon père n'a jamais refait sa vie avec une autre femme, il est resté dans cette grande maison vide et seul, pendant un an. Récemment, je me suis rendue compte qu'il avait des problèmes financiers alors je suis revenue. Seulement, si je n'arrive pas à faire cette nouvelle, nous allons vite retourner dans le rouge.

     

    Je tourne le robinet de la douche. Il n'y a rien de mieux qu'une douche bien chaude pour se changer les idées et se détendre. Je me déshabille puis m'enferme  dans la cabine. L'eau est inhabituellement tiède, presque froide, ce qui est très désagréable. Elle doit, sans doute, être aussi froide que celle de la pluie, dehors. On dirait qu'une tempête a lieu ; le vent souffle tellement fort...j'ai l'impression de le sentir sur ma peau, c'est très étrange. Je sors de l'espace confiné dans lequel je suis depuis au moins dix minutes. Cette douche, bien que dépourvue de chaleur, est parvenue à me détendre. Je suis morte, je file dans mon lit et m'endors sans tarder.

     

     

     

     

     

     

     

    « NOOOON!!!  Je me réveille en sursaut; j'ai des sueurs froides, ce n'était qu'un cauchemar

     

    • Lou, tu vas bien ? demanda mon père essoufflé d'avoir couru jusqu'à ma chambre.

    • Tout va bien ne t'en fais pas ce n'était qu'un cauchemar, le rassurais-je

    • Tu es sûre ma puce? Tu es en age...me dit-il inquiet

    • Mais oui, papa, ça va déjà mieux »

     

     

     

    Il s'approche de moi et me borde comme quand j'étais petite, ce qui me rassure un peu et me fait rire, puis m'embrasse sur le front comme pour dire à un enfant : « Je suis là, ça va aller ».

     

     

     

    « Bonne nuit, je t'aime.

     

    • Bonne nuit, je t'aime aussi. »

     

     

     

    Il éteint la lumière...

     

     

     

    « Ludo, tu peux pas me faire ça ?!

     

    • Je suis désolé Lou, mais les délais sont toujours dépassés, on ne peut plus te suivre, mets-toi un peu à ma place, les imprimeurs me mettent la pression!

    • Deux semaines ! Donne-moi deux semaines et tu pourras décider d'arrêter de me suivre si je te déçois, ou bien continuer...

    • Une semaine !

    • Très bien, alors va pour une semaine !  A plus, je rentre, lui dis-je en sortant une pièce pour payer mon café quand il me retint.

    • Laisse, c'est pour moi.

    • Tu en fais déjà assez comme ça. »

     

     

     

    Je dépose ma pièce sur l'addition et m'en vais de la terrasse du bar où nous avons l'habitude de nous voir pour parler boulot.

     

    Pour qui il me prend au juste ? Pour un automate qui a de l'inspiration illimitée ? Ça me rend dingue ! Je décide donc de rentrer à pied jusqu'à chez moi. Je suis tellement perdue dans mes pensées que je heurte une personne, sans le faire exprès :

     

    « Pardonnez-moi, je ne vous avais pas vu, m'excusais-je ».

     

     

     

    Il s'agissait d'une vieille dame à l'allure d'une bohémienne. Elle avait les cheveux d'une couleur noire intense, aussi noirs que les ailes d'un corbeau. Ils étaient détachés, laissés en bataille et tenus par un bandana bleu. Elle avait une pierre étrange autour du cou, on dirait du quartz. Je n’eus même pas le temps de repartir qu'elle me retint le bras immédiatement :

     

     

     

    « C'est vous qu'il suit, il suivait votre mère aussi, me dit-elle en me serrant le bras de plus belle.

     

    • Lâchez-moi, vous me faîtes mal ! »

     

     

     

    Je parvins à libérer mon bras et sans attendre, je pris mes jambes à mon cou et couru jusqu'à ce que je ne puisse plus voir cette vieille folle. Je suis essoufflée, j'ai l'impression d'avoir fait un marathon. Il faut que j'aille prendre une douche.

     

     

     

    Je tourne le robinet mais rien ne sort ; qu'est-ce qu'il se passe à la fin ?! J'entends des bruits bizarres venant du tuyau...

     

     

     

    • Et merde ! Fallait que ce soit le jour où je suis seule à la maison...

     

     

     

    Je prends mon courage à deux mains et je rentre dans la douche ; j'avoue que je préfère y être quand l'eau coule. J'écoute un instant le bruit inconnu qui me semblait venir des tuyaux mais il ne vient finalement pas de là. Il vient de la cloison. Je rapproche mon oreille jusqu'à la coller au mur. On dirait que quelque chose frappe la cloison, mais quoi ? Une souris ne frapperait pas le mur aussi fort ! C'est peut être un oiseau....Impossible, le battement est périodique et un oiseau taperait dans les deux murs...qu'est ce que j'entends maintenant ? On dirait de l'eau... Je lâche un juron quand je comprends que l'eau s'est remise à couler. Je sors en quatrième vitesse de la douche et arrête l'eau. J'avais pourtant fermé le robinet... Ma pauvre Lou, tu perds vraiment la tête.

     

    « Étrange, plus de bruit» dis-je. Lou, Lou, Lou, tu as encore pensé à voix haute, songeais-je.

     

    Cette idée me fait un peu rire et ma peur commence à retomber.

     

    Je suis complètement trempée, génial ! De toute façon il faut que je me lave! Je rouvre le robinet et prends ma douche, cette fois chaude.

     

     

     

     

     

    Oh non ! Encore ces coups... c'est comme du morse : « S …....O........S » Calme-toi Lou, c'est forcément une coïncidence, et puis ça fait longtemps que je n'ai pas révisé le morse. J'ouvre le robinet, mais l'eau est rouge, c'est du sang ? Je suis effarée de ce que je vois, j'en ai la nausée. J'appelle mon père mais il ne m'entend pas ; je suis seule...Je me souviens immédiatement des paroles de la dame de tout à l'heure et l'entends parler dans ma tête en boucle « Il vous suit, il suivait votre mère aussi,  Il vous suit, il suivait votre mère aussi,  Il vous suit, il suivait votre mère aussi... » Mais de qui parlait-elle au juste ?

     

    Je referme aussitôt la porte vitrée de la douche sans refermer le robinet et vois une ombre noire derrière moi. Je n'arrive pas à déterminer ce que c'est. Mon cœur bat la chamade, mes jambes ne me soutiennent plus et je ne peux me retourner. Je suis complètement paralysée par la peur. Je tourne la tête en direction du miroir situé à ma gauche. Il est embué mais il n'y a plus l'ombre noire...

     

     

     

     

     

    J'ouvre les yeux, je suis dans mon lit. Je suis à bout de souffle et je transpire. Ce n'était qu'un cauchemar...Pourtant je me souviens de tout. Je ne dois pas céder à la panique, c'est… de la faute de cette folle de tout à l'heure. Pourquoi m'avait-elle parlé de ma mère aussi ?! Une heure s'est écoulée et je ne dors toujours pas ; je crois qu'on est bien parti pour une nuit blanche. Je ne peux plus rester couchée à attendre, je m'ennuie, il faut que je me lève. Je ne perds pas une seconde et je m'exécute. Je sors de ma chambre et entends mon père qui ronfle ; au moins un qui dort comme un bébé. J'allume le couloir et passe devant la salle de bain et marque un temps d'arrêt. L'angoisse commence à me reprendre lorsque j'entends une goutte d'eau tomber dans le receveur de douche. Hors de question de rentrer dans cette salle obscure en pleine nuit, surtout après ce cauchemar atroce. Je m'empresse de descendre l'escalier pour m'installer sur le canapé. J'allume la télévision et je me recouvre de mon plaid préféré, c'était celui de maman. Je me rappelle, on se battait toujours pour l'avoir pendant nos soirées DVD. Je fais en sorte qu'il garde son odeur. Évidemment, je le lave, mais je l'asperge toujours de ce doux parfum fruité qu'elle portait au quotidien et c'est un peu comme si elle ne m'avait que partiellement quittée. Soudain, les lumières et la télévision s’éteignent, laissant l'obscurité de la salle de bain s'étendre dans la maison toute entière. J'ai peur du noir. J'appelle mon père mais celui-ci dort trop profondément pour m’entendre du salon. J'entends une porte claquer. D'instinct, je me cache sous le plaid de maman.

     

     

     

    « Papa ? criais-je tout en sanglotant. »

     

     

     

    Ce que m'a dit la dingue de ce soir me revient une fois encore à l'esprit :

     

     

     

    « Maman ? »

     

     

     

    Je crois que dans cette situation, je pourrais dire n'importe quoi même si c'est insensé.

     

    Il faut que j'agisse, je décide donc de prendre mon téléphone et d'appeler la police, c'est sans doute un voleur...

     

     

     

    « Police nationale, j'écoute, quel est l'objet de votre appel ?

     

    • Allô, je crois qu'il y a quelqu'un chez moi j'ai très peur, chuchotais-je à mon interlocuteur en sanglotant, je suis dans mon salon sur mon canapé, cachée sous un plaid, il n'y a plus électricité, mon pè....

    • Allô ? Êtes-vous encore avec moi ? Mademoi......je vous entends très.../BIP/BIP/BIP/BIP

    • Allô ? Allô ? C'est pas vrai, c'est un cauchemar je vais me réveiller. Pourquoi habitons-nous au beau milieu de la forêt, expliquez-moi !

     

    Qu'est ce que je dois faire ? Je suis effrayée. Bon sang je ne comprends rien ! Qu'est ce qu'il se passe à la fin ? Le silence règne dans la maison, devenue glaciale depuis maintenant dix minutes. Il faut que je me lève et que j'aille rallumer les plombs. Ils ont dû probablement sauter à cause de l'orage d'hier... et puis le claquement de porte n'est peut être dû qu'à une fenêtre que je n'ai pas fermée... je serai prête à trouver n'importe quelle excuse avec la journée que j'ai passée... De toute façon je ne vois pas d'autres solutions! Courage Lou ! J'enlève doucement la couverture qui me servait de « bouclier » et je me redresse. J'utilise l'application « Lampe torche » de mon téléphone et fais le tour du rez de chaussé. Personne dans le salon, je décide donc d'inspecter la cuisine : je me dirige vers celle-ci. J'entends de nouveau un bruit, un espèce de claquement faible venant du premier étage. Je ne suis pas seule. Comment ai-je pu croire que tout cela n'était dû qu'à une coïncidence ? Je me sens stupide, mais ce sentiment se fait vite remplacer par une immense crainte. Il faut que je trouve de quoi me défendre. Je me munis d'un couteau sans me poser plus de questions. Je suis terrorisée, je voudrais juste quitter cette maison mais c'est la dernière chose à faire... je me rapproche de l'escalier. Les bruits de coups recommencent. Je pense alors à mon père, qui dort tranquillement alors qu'un malade est peut être dans sa chambre ; je ne peux pas le laisser. Au fur et à mesure que je monte l'escalier, les coups s'accélèrent. Je suis en haut de l'escalier ; le bruit continue, mais il ne vient pas de la chambre de mon père, ce qui me rassure un peu. Le bruit s'intensifie de plus belle ; je le reconnais. Il s'agit du même son que tout à l'heure, dans mon rêve. Je remarque que la porte de la salle de bain est fermée. Je ne peux pas appeler mon père, j'en suis incapable. J'avance doucement ; je ne peux pas aller plus vite mes jambes refusent. Je suis maintenant devant la porte de la salle de bain. J'entends soudain l'eau de la douche s'activer, et le rythme des coups devenir plus intense. Ma main est sur la poignée, mais je n'arrive pas à ouvrir la porte mon bras est paralysé. Non, je me trompe, tout mon corps l'est. Je crois que les coups se rapprochent de moi de l'autre côté du mur. Je voudrais courir, fuir loin mais je n'y arrive pas.

     

    J'ai soudain l'impression de m'évanouir, je ne ressens plus rien, je m'effondre.

     

     

     

    «S....O....S...., S.....O.....S..... , S.....O.....S....., S.....O.....S

     

    • Madame, vous allez bien ?

    • S......O.....Je... je suis Lou... je, je ne suis plus consciente, la réalité n'est à présent qu'un rêve qui s'éloigne de plus en plus de moi, je ne sais même pas ce que je dis, je ne parviens plus à contrôler mon corps.

    • Avez-vous bu ? Les gars, vérifiez la maison, j'appelle une ambulance. Restez avec moi.

    • Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

    • Votre fille nous a contacté tout à...

    • Il me suit, papa, il crie, il suivait maman...aussi... », pourquoi lui dis-je ça ? Ce n'est pas moi...

     

     

     

    Je me réveille mais je remarque que je ne suis pas chez moi. Je suis dans une chambre d'hôpital ? Je ne comprends pas, qu'est-ce que je fais ici ? Ma tête me fait atrocement mal. Quelqu'un entre ; c'est sans doute un docteur :

     

    «  Bonjour Lou, comment vous sentez-vous, ce matin ? Me demanda-t-il

     

    • Mal, j'ai l'impression que ma tête va exploser, qu'est ce que je fais là docteur ?

    • Vous ne vous souvenez de rien ?

    • Non, qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Le docteur m'expliqua la situation et mes souvenirs me revinrent un par un, même ce rêve me revenait parfaitement en mémoire. Je ne pouvais évidemment pas en parler avec le médecin, il m'aurait prise pour une folle et m'aurait envoyé en HP.

     

    Un autre homme entre dans la pièce, c'est un agent de police. Le docteur décide donc de partir en me disant qu'au moindre problème je pouvais l'appeler à l'aide d'un petit boîtier à ma droite.

     

    • « Bonjour Lou, ou plutôt, re-bonjour, me salua t-il, Vous allez mieux ?

    • Bonjour, malgré la douleur, ça peut aller ; répondis-je

    • Nous n'avons trouvé personne chez vous, pas de trace d'effraction. Cependant, il n'y a eu aucun problème avec les câbles électriques à l'horizon, nous pensons donc que quelqu'un a sans doute éteint le compteur intentionnellement.

    • Vous pensez que c'est moi ?

    • A vrai dire, nous ne pouvons rien affirmer, mais avec ce qui s'est passé il y a dix ans... c'est normal que le passé resurgisse...

    • Vous me prenez pour une folle c'est ça ?! Et si la personne qui a éteint le compteur était un cambrioleur de notre entourage, qu'il aurait volé les clés à mon père ? Avez-vous pensé à ça ?

    • Écoutez, je disais juste que nous vous avons retrouvé devant la salle de bain en train de dire que quelqu'un suivait votre mère, cette même salle de bain où celle-ci est morte il y a dix ans !

    • Elle est morte, dans la salle de bain de notre maison ?! je suis sidérée de ce que j’apprends. Mais comment ?

    • Votre père rentrait du travail et l'a retrouvée dans la douche, (morte)noyée. Le légiste en a conclu un meurtre, car il a retrouvé une fissure au niveau du crâne.

    • M. l'Agent, je vous remercie pour hier soir, je vais me reposer un peu.»

     

    Je suis à bout de souffle, je n'arrive pas à croire que j'ai pu vivre trois mois dans cette maison et prendre ma douche là où elle a été...Je vois mon père qui rentre dans la chambre.

     

    « Ma chérie, comment tu te sens ? Tu m'as fait tellement peur hier soir, tu sais …

     

    • Papa, je sais tout...pour...maman. Je sais comment elle est morte et surtout où.

    • Je suis désolé de ne pas te l'avoir dit moi-même, je n'en n'ai jamais trouvé le courage...

    • Je ne t'en veux pas, ça a été dur pour nous deux...et ça l'est encore.

    • Je vais rentrer à la maison te chercher des affaires de rechange.

    • Non !, dis-je instinctivement. Je viens avec toi.

    • Tu as besoin de repos, Lou.

    • J'ai besoin de te sentir en sécurité.

    • Mais le médecin...

    • Je me fiche de ce qu'il dira, je vais bien..., à cet instant, je savais que je n'étais pas convaincante, car je le sais moi même, je ne vais pas bien. Mais je refuse de le savoir seul dans cette maison. Rentrons s'il te plaît.

    • Je vais signer des papiers, attends-moi dans la voiture. »

     

    Je prends les clés qu'il me tend et sors de l'hôpital. Je trouve la voiture sans problème et m'installa à la place passager. J'ai la boule au ventre, je ne suis pas rassurée à l'idée de rentrer chez moi...

     

     

     

    Je critique toujours les personnes qui écrivent des récits de leur vie mais là, je crois que je n'ai pas d'autre choix...les journalistes diraient que c'est un scoop, je dirais plutôt que c'est un supplice, je vais devoir, pour la deuxième fois, me replonger dans l’atmosphère sordide d'hier soir.

     

     

     

    Aller Lou ! C'est pour le bien de ton compte bancaire ! Je pose mon PC sur la table de la salle à manger. Mon téléphone portable se met à vibrer. C'est Ludo, mon éditeur préféré qui m'appelle, je décroche :

     

    «  Allô, je travaille Ludo tu peux pas rappeler

     

    • Tu n'es pas sérieuse, avec ce qui t'es arrivé, ils te laissent travailler ? C'est quoi cet un hôpital ?

    • Je suis chez moi, c'est tout ce que tu voulais me dire ?

    • Tu es folle de travailler autant !

    • J'avais oublié, Ludo ce super héros va payer mes factures et va repousser les délais d'imprimerie...je ne suis ni folle, ni malade alors lâche moi la grappe s'il te plaît.

    • Mais tu.. »

     

    Il n'eut pas le temps de finir que je coupa court à notre conversation en raccrochant le téléphone ; pauvre Ludo... Les premières lignes mirent du temps à venir mais quand je suis lancée, plus personne ne peut m'arrêter ; mon père dit que je tiens ça de ma mère, elle était écrivaine aussi. Et si c'était elle qui était à l'origine de tout ce qui se passe…? J'en suis malade rien qu'à cette idée. J'arrive au passage de l'hôpital lorsque mon héroïne découvre la vraie mort de sa mère. Je décide de faire des recherches dessus sur Internet. Je tape sur le clavier : « La mort par noyade de Meredith Trayner dans sa douche dans l’État de l'Ohio ». Je trouve, bien sûr, peu d'articles dessus. Ça aurait été évidemment mieux répertorié si mon père l'avait tué lui-même... Qui aurait bien pu la tuer comme ça, en la noyant avec l'eau de la douche…?! C'est répugnant, j'en ai l'estomac noué. Je retourne en arrière et découvre un article sur un dénommé Mickaël Scott, apparemment mort dans notre ville aussi. Il serait mort en 1967, tué par sa femme, Judith Scott, une écrivaine rendue folle par son roman qui n'avançait pas. Le malheureux ne comprenait pas le fait qu'elle était autant obsédée par ce que sa femme appelait sa « future œuvre d'art ». Un soir, il but un verre de trop, et déchira le roman de sa femme. Celle-ci ne se posa pas plus de question ; elle rentra dans la salle de bain, dans laquelle son mari prenait sa douche, l’assomma avec une bouteille vide et le noya ensuite avec le jet d'eau, alors que le pauvre homme ne pouvait se défendre. Elle fut arrêtée et condamnée à mort. En attendant sa sentence, elle termina son livre en y mettant pour action son meurtre, « un meurtre parfait ». Elle ne le vendit évidemment pas mais certains passages sanglants auraient été publiés dans la presse. Elle mourut finalement vingt-quatre heures avant le jour de son exécution, noyée dans sa douche, en prison. Je ne peux pas continuer de lire cela ; j’éteins mon ordinateur en prenant soin d'enregistrer au préalable ma nouvelle. Le mal de tête refait son apparition... je pars à la cuisine me chercher une aspirine puis la laisse infuser dans l'eau. J'entends un bruit derrière moi, il vient de la salle à manger... Je reviens sur mes pas et remarque que mon ordinateur est fermé.

     

    «  Papa, tu es là ? » dis-je, mais pas de réponse. Je commence à me sentir de nouveau mal, j'ai des frissons partout. Je me rassois, avale mon aspirine puis rouvre mon écran ; je me regarde droit dans les yeux et j'aperçois quelque chose derrière moi, plein de gens me fixent mais je ne sais qui, ils possédaient des silhouettes humaines. Je me retourne vivement mais il n'y a personne, je jette un coup d’œil à mon écran, et je ne vois plus personne. Respire, Lou.

     

     

     

    Au retour de mon père, je décide de prendre une douche, quelques jours se sont écoulés et la maison a l'air d'avoir retrouvé son calme :

     

    « Tu ne t'endors pas cette fois, hein ?

     

    • Non, j'attendrai que tu ai finis, ne t'inquiète pas, me répondit-il

    • Merci...Il m'embrasse le front, ce qui me rassure.

    • Au moindre problème, tu n'as qu'à m'appeler et j'arriverai tout de suite »

     

    L'eau est chaude, peut être que tout est rentré dans l'ordre, finalement. Quand je repense à cet article,j'ai quand même du mal à y croire. Il faut que je me détende et l'eau est à la température idéale. Les gouttes d'eau ruissellent sur ma peau et m'apaisent, un peu comme une berceuse. Le jet de l'eau est de moins en moins puissant. A présent, plus rien ne sort de la paume de douche, à part une goutte, par ci, par là. Ce son fait résonner toute la pièce ; comme le soir de l'accident...Je suis face au mur carrelé . Tout va bien, Lou, il n'y a rien à craindre, il n'y a pas de frappement comme dans ton rêve... Je pose ma main sur le mur, en essayant de capter une vibration mais il n'y a rien, au même moment, une impression d'être observée s’immisce en moi et mes craintes refont surface. Je me retourne, la lumière s’éteint et je vois une dizaine de personnes, elles sont difficiles à distinguer dans la pénombre... Je suis pétrifiée une nouvelle fois, mes jambes refusent de bouger. Que vais-je faire ? Je n'arrive pas à parler. Les personnes sont difficilement reconnaissables mais elles me sont familières. Elles sont vêtues d'habits sombres. J'entends une multitude de gouttes d'eau tomber sur le sol carrelé, remarque également que les inconnus sont trempés. L'eau, imbibée dans leurs vêtements, dégouline sur le sol. Une silhouette s'approche de moi, toujours en me fixant. Ce n'est pas possible, c'est elle, c'est la vieille dame de la rue. Elle s'arrête et pointe du doigt un homme et une femme :

     

    « Ils te suivent toujours, ils suivaient ta mère aussi...

     

    • S....O....S...., S.....O.....S..... , S.....O.....S....., S.....O.....S, dit une voix cassée, presque inaudible. C'était celle d'un homme.

    • Ludo, C'est toi ? les mots finirent par sortir de ma bouche a l'instant où je compris que c'était lui.

    • C'est moi qui t'ai appris le morse, tu te souviens... tu m'as tué aussi...

    • Qu'est-ce que... »

     

    L'eau se remit brusquement à couler, je fermais les yeux par réflexe...

     

     

     

    J'ouvre les yeux. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je suis habillée, des gens me regardent :

     

    « Répondez à la question Mademoiselle Trayner, étiez-vous présente sur les lieux du crime le jour de la mort de votre mère, de votre petit ami ainsi que de la gouvernante?

     

    • Qu'est-ce que..?

    • Avez-vous assommé puis noyé votre mère Meredith Trayner il y a 10 ans, votre petit ami, Ludovic Swanson, il y a 3 mois et Margaret Bosford, dans votre salle de bain ?

    • Ludo, je ne lui aurait jamais fait de mal je...

    • Objection votre honneur !

    • Accordée

    • Je voudrais rappeler aux jury que ma cliente a de graves problèmes psychiatriques depuis sa jeune enfance ; notamment un grand trouble de la personnalité... »

     

    Je suis dans un tribunal. Je regarde les papiers posés sur la table, tous les meurtres sont liés, ils se sont tous produits chez moi, dans la salle de bain... « Ludovic Swanson, petit-ami et éditeur de la meurtrière, 25ans, mobile du meurtre : non établie », « Meredith Trayner, Mère de la meurtrière, 45ans, mobile du meurtre : non établie », « Margaret Bosford, gouvernante de la meurtrière, 70ans, mobile du meurtre : non établie ». Cette Margaret, c'est la voyante! Elle lui ressemble comme deux gouttes d'eau sur la photo!... c'était ma gouvernante ? Je les ai tués ? Les larmes me viennent aux yeux, j'ai tué les personnes que j'aime le plus au monde...

     

    « Mademoiselle, levez-vous! Mademoiselle !reprit le juge. D'après les preuves médico-légales que nous possédons, la seule et unique coupable de ces crimes effroyables est Louane Trayner, écrivaine de 24ans. A la vue de vos problèmes psychologiques, qui ont principalement joué dans ces meurtres, nous vous proposons de plaider coupable pour être internée dans un hôpital psychiatrique. Dans le cas contraire, la cour vous condamnera à la peine de mort.

     

    Un hôpital psychiatrique ? Mais, je ne voulais pas les tuer, je suis innocente ! Je menais une vie normal et... Et quoi ? C'est le noir total dans mon esprit, je suis complètement perdue...Je suis un monstre, Maman, Ludo, Margaret, et peut être papa...

     

    • Je plaide non coupable. Je vois mon père fondre en larme.

     

    Papa, je suis désolée, je refuse de te faire du mal à toi aussi, je t'aime...

     

    • Louane Trayner est condamnée à mort, sa peine sera purgée dans deux semaines, affaire classée.

     

     

     

    Quelques fois, j'ai des flashs de mon passé quand j’étais plus jeune, je suis cachée dans le placard de la salle de bain, et vois mon père qui noie ma mère dans la douche je le vois aussi dans un coin de la salle de bain en train de pleurer. L'infirmière m'injecte le liquide mortel dans le bras, c'est finii. Ludo, « S....O....S.... ».

     


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